Schoonvolk: un audioguide en phase avec les jeunes | MSK Gent
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Schoonvolk: un audioguide en phase avec les jeunes

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Lotte (26) est en avant-dernière année de psychologie à l’UGent , Maaike (23) est étudiante en l’histoire de l’art. Elles font toutes les deux partie de Schoonvolk, le collectif de jeunes du MSK, qui veille à ce que le musée soit un lieu vivant pour les visiteurs de tout âge. Une année durant, elles ont planché avec leurs collègues sur un nouvel audioguide qui s’adresse spécifiquement aux jeunes, en abordant des sujets qui les préoccupent. Body positivity, syndrome FOMO, question du genre, climat, … pourquoi un tableau du Moyen Âge ou un Paul Delvaux n’aurait-il pas des choses à nous raconter là-dessus ?

Qu’est-ce qui vous a poussées à faire cet audioguide ?

Lotte : Avec Schoonvolk, le collectif de jeunes du MSK, nous voulions accroître notre présence au musée. Un audioguide nous a semblé être un bon outil pour y arriver. Nous voulions aussi attirer l’attention sur des sujets qui préoccupent les jeunes et faire des rapprochements avec l’art.  

Comment avez-vous procédé pour les sujets et pour les textes ?

Lotte : Nous avons commencé par dresser une liste d’une vingtaine de sujets qui intéressent les jeunes : la santé mentale, les rôles genrés, les filtres instagram, le rapport au corps, etc. Ensuite, nous nous sommes réparti les sujets entre « Schoonvolkers », et chacun s’est mis en quête d’une œuvre qui correspondait à son sujet.

Maaike : Nous avons aussi creusé notre sujet. Pour ma halte à propos de la « Danse » par exemple (voir plus loin), il y a un fragment de texte sur le rythme naturel que nous aurions tous en nous : j’ai fait des recherches plus approfondies sur le sujet. Pour la halte sur le « Corps », j’ai notamment fait des recherches historiques sur les vêtements que les gens portaient jadis.

Lotte : Nous avons ensuite participé aux workshops de Marthy Locht, de Museumteksten, sur la façon d’écrire des textes pour un audioguide : à quoi il faut être attentif, comment le texte devient un tout, … Puis nous nous sommes mis à écrire, et nous avons tous pondu une première version de notre sujet, sur laquelle nous avons reçu du feedback. C’était très intéressant d’écouter les histoires des autres, cela a déclenché pas mal de chouettes réactions.

Maaike : Nous voulions rendre les textes accessibles à tout le monde. Nous avons beaucoup planché sur comment raconter les choses pour que tout le monde comprenne et capte le message.

Avez-vous intégré des histoires ou des anecdotes personnelles dans l’audioguide ?

Lotte : J’ai fait une halte audio sur « Devenir adulte », en rapport avec Jeune fille sur un tapis rouge de Felice Casorati. J’ai pu y intégrer mes connaissances en psychologie : les différentes théories, et ce qui fait précisément que l’on devient adulte. J’ai écrit par ailleurs un deuxième texte plus personnel pour la halte sur la « Santé mentale », en évoquant notamment la dépression dont j’ai moi-même souffert. J’ai raconté en partie ma propre histoire. J’avais un peu l’impression de faire un « coming out » en partageant cela dans l’audioguide, parce que je n’en parle pas souvent. Mais il me semblait pertinent de raconter cela à d’autres jeunes, car de telles histoires existent. Aujourd’hui, je vais beaucoup mieux. L’œuvre que j’ai choisie pour en parler est Marie Madeleine d’Alfred Stevens. L’actrice qui a servi de modèle au peintre, Sarah Bernhardt, a elle aussi fait une dépression. Je trouve que c’est un très beau tableau, et dans le regard du personnage, on capte un peu ce qu’est la dépression.

Écoutez ici l'extrait de l’audioguide sur « Devenir adulte »

Maaike : J’ai écrit le texte sur la « Danse », sur cette folle envie de danser, à la halte devant la Kermesse de la Saint-Georges de Gillis I Mostaert. Nous avons commencé à travailler sur l’audioguide juste après le corona, c’était alors un sujet tout à fait d’actualité. J’ai vraiment mis quelque chose de moi-même dans le texte, j’ai vraiment essayé d’évoquer cette envie irrépressible de danser. Avec Hannah et Noë (deux autres Schoonvolkers), je me suis aussi occupée du texte de l’audioguide sur les « Poils pubiens », en rapport avec le tableau L’Escalier de Paul Delvaux : j’ai parlé de la quasi-absence de poils pubiens dans le musée. Depuis lors, je n’arrête pas de croiser des amis et des proches qui ont visité tel ou tel musée et qui, là aussi, n’ont pas vu de poils pubiens. » (rire) J’ai également participé à l’élaboration du texte de l’audioguide sur « Le corps ».

Écoutez ici l'extrait de l’audioguide sur la « Danse »

C’est aussi votre voix que l’on entend sur la bande son de l’audioguide. Comment l’enregistrement s’est-il passé ?

Maaike : Un ami étudiant en logopédie nous a préparés au cours d’un workshop sur les techniques vocales, en nous expliquant comment faire pour que tout paraisse le plus naturel possible. L’enregistrement proprement dit s’est déroulé dans un vrai studio. Une chouette expérience. J’étais un peu stressée avant, mais tout s’est très bien passé. Nous lisions simplement les textes à haute voix, et l’ingénieur du son nous donnait des indications comme « refais encore une fois cette phrase » ou « lis-la autrement ». On décelait par trop souvent un sourire dans ma voix, ce qui donnait un petit accent moqueur à la phrase que je lisais. Il fallait alors recommencer. (rire) Mais grâce à la bonne qualité d’enregistrement, le résultat a l’air très professionnel. 

Aimeriez-vous refaire de tels enregistrements de votre voix à l’avenir ?

Maaike : Pas vraiment, mais nous sommes tous d’accord pour dire qu’Hannah (également membre de Schoonvolk) doit absolument faire quelque chose avec sa voix. (rire)

Et vous, vous prenez un audioguide lorsque vous visitez un musée ?

Lotte : En général, je ne prends pas d’audioguide, parce que j’aime visiter le musée à ma manière à moi. Mais après cette expérience, je suis nettement plus curieuse de savoir ce que l’audioguide raconte et je vais en prendre un plus souvent. Surtout si c’est un audioguide un peu original comme le nôtre.

Maaike : Lorsque nous avons démarré le projet, je me suis mise à prendre plus souvent un audioguide, j’étais curieuse de connaître l’approche des autres musées et de voir tout ce qui était possible. Après cette expérience, je suis convaincue qu’un audioguide peut apporter un plus à la visite d’un musée.

Pourquoi trouvez-vous important de parler de tous ces sujets d’actualité ?

Maaike : Le musée propose beaucoup d’audioguides, et je trouve sympa que la voix des jeunes et leur regard sur l’art soient désormais aussi représentés. J’espère aussi que les visiteurs plus âgés comprendront ainsi mieux pourquoi ces sujets nous intéressent tellement. Dans l’audioguide, nous pouvons donner davantage d’explications, tout en faisant le lien avec l’art. J’apprécie que nous puissions raconter notre histoire de cette façon : pas avec des jeunes qui manifestent dans la rue pour le climat, mais sur la base d’un récit à propos de l’importance de la biodiversité, en rapport avec le tableau du xviie siècle La Chasse au renard de Paul de Vos.

Lotte : Nous sommes tous très fiers du résultat, c’était un fameux challenge qui a demandé beaucoup de travail, mais ça en valait la peine !

L’audioguide de Schoonvolk est disponible gratuitement à l’entrée du musée.