La Carmagnole, 1901

Après avoir fait connaissance avec l'œuvre de Max Klinger, l'innovateur de la gravure allemande vers 1900, Käthe Kollwitz a cessé de peindre et s'est consacrée à l'art graphique. Kollwitz s'est intéressé à la vie et à la misère de la classe ouvrière. Pour ses premières œuvres sociales, elle n'a pas cherché son inspiration dans la réalité mais dans la littérature. C'est le cas de l'estampe La Carmagnole, qui représente les dernières pages du Conte de deux villes de Charles Dickens. Kollwitz a déplacé la scène, qui dans le roman se déroule à Paris, au Gängeviertel de Hambourg. Les femmes aux seins nus qui assistaient aux exécutions pendant le règne de la Terreur (1792-1794), appelées les tricoteuses, exécutent un sabbat de sorcières autour d'une guillotine au rythme des tambours. Kollwitz dépeint ici la foule en délire de manière presque caricaturale. Son approche et la technique qu'elle a utilisée sont liées à la vision de Klinger, qui soulignait que le contraste du noir et blanc renforce la puissance du message, par opposition à la couleur qui, bien que plus proche de la réalité, en affaiblit la portée.